André Robèr Repères

Une enfance réunionnaise
André Robert est né à La Plaine des Palmistes (La Réunion) le 21 juillet 1955. Le milieu familial, très pauvre et déchiré se prête mal à la réussite scolaire et le jeune André, en échec, abandonne très rapidement l’école. En 1971, il intègre l’école de EER (Eau Électricité de la Réunion) de la ville du Port à la Réunion et obtient un CAP d’électricien.
Une arrivée en France La politique migratoire mise en place par Michel Debré au travers du BUMIDOM contraint André Robert comme des milliers d’autres jeunes réunionnais à quitter son île. Dans ce cadre, il intègre l’école EDF (Électricité de France) de Soissons en 1975.
Radio libertaire
En 1985 une fois sa licence d’arts plastiques obtenue il anime des émissions sur l’actualité des arts plastiques à Radio Libertaire. De 1985 à 1990, il orientera son action à la Radio Libertaire afin de rapprocher les artistes plasticiens de la station anarchiste. Il devient trésorier de Radio Libertaire et organise concerts et expositions de soutien pour financer la station qui ne vivait que grâce aux dons de ses auditeurs. Le point d’orgue de ce travail fut l’organisation d’un colloque sur le thème « Art et Anarchie » en 1991 à l’occasion des dix ans de Radio Libertaire. Les actes de ce colloque feront l’objet d’une coédition Via valériano/La vache folle. En 2001, il organisa pour les 20 ans de Radio libertaire une manifestation autour de la poésie contemporaine aux Instants chavirés à Montreuil (93). Elle donnera lieu à un double CD publié aux éditions K’A. Muté en province, il arrête ses émissions à la fin de l’année 1990. De retour à Paris suite à une promotion, il les reprendra en 2003 et jusqu’à la fin de sa carrière professionnelle en 2009.
Lieu de vie et travail salarié
De 1976 à 1990 André Robert travaille comme électricien au Centre EDF de Versailles et habite successivement au Chesnay, à Versailles puis à Guyancourt.
En 1990, il quitte la région parisienne suite à une mutation et vit d’abord à Aubagne puis à Marseille. Il découvre l’importance de la poésie et des langues au Centre International Poésie de Marseille (CIPM).

La création
C’est en recevant des peintres et des plasticiens à Radio Libertaire que l’envie de créer lui vient. Beaucoup d’artistes de la mouvance libertaire qu’il reçoit deviennent ses amis. Certains l’encouragent à créer. C’est donc avec l’appui théorique reçu à Paris VIII et sur la base de ses rencontres artistiques qu’il commence à créer.
Il fait ses premières œuvres avec des matériaux de récupération : portes de coffrets électriques, restes de résine des chantiers, planches … La terre, l’ocre naturel ainsi que le papier mâché lui serviront de matériaux de base. Au fil des années sa technique évolue et il faudra dix ans de pratiques pour qu’il utilise des peintures acryliques ou des huiles.
L’arrivée à Marseille lui permettra d’exposer ses œuvres dans des lieux alternatifs et des festivals.
Au cours de sa résidence d’artiste aux ateliers municipaux de Marseille, il change l’orthographe de son patronyme de Robert en Robèr par une créolisation.
L’écriture
C’est sous la forme poétique qu’il commence à écrire en 2000. Jusqu’en 2015, il mélange le créole réunionnais et le français dans ses écrits.
En 1999, il publie Lékritir lot koté la mèr, une coédition des éditions K’A et des éditions Grand Océan. Ce recueil de poésie pose les éléments des futurs ouvrages d’André Robèr, comme une trame des futurs écrits.
En 2002, paraît Carnets de retour au pays natal,premier acte d’une trilogie sur l’immigration. La préface de ces carnets est faite par Julien Blaine (Capretto). Comme le laisse apparaître le titre, ce sont des morceaux de carnets sélectionnés qui sont mis en espace dans une écriture pleine de révolte.
Un ours sous les tropiques deuxième volet sur l’immigration parait en 2008, ce titre humoristique est en décalage avec le contenu. La forme est plus dense, plus élaborée, plus riche que dans le premier volet du triptyque. André Robèr s’amuse du contenu et de la forme. Il s’amuse de lui-même avec des anecdotes sur ses chaussures et d’autres objets de l’exil. Cet ouvrage se termine par un texte destiné à un blanc dont nous ne serons pas le nom mais où tant de gens peuvent se reconnaître. Cet ouvrage marque un tournant dans son écriture.
En 2010 c’est le troisième volet de la trilogie qui paraît. D’île en Ille met un point final à la revendication de l’origine dans l’écriture. Carpanin Marimoutou écrit la préface (Robèr est un K). André Robèr met ici en espace des éléments indispensables de la culture réunionnaise : un recensement d’insultes, des recettes de tisanes. Il montre comment le hasard le mène en Catalogne nord dans un village qui a été une île.
En 2015 c’est la publication du premier recueil écrit uniquement en français Tel un requin dans les mers chaudes. Pour la première fois aussi, il ne pose aucun discours sur l’immigration.
L’édition
Des revues …
L’aventure d’André Robèr dans l’édition commence par la participation à la création de la revue du groupe la vache folle de la Fédération Anarchiste Les cahiers de la vache folle en 1991 et des éditions de ce groupe. Ensuite, de mars 1994 à mars 2003, il anime seul une revue qui ressemble à un fanzine : 21 numéros  de Kyé paraissent. En 2003, il se lance dans une aventure collective avec la revue Anartiste. Elle s’arrêtera en 2009 avec le numéro 14.
Nostalgique du colloque qu’il a organisé en 1991 « Art et Anarchie », il crée une revue annuelle Art & Anarchie. Celle-ci vivra 5 ans, 5 numéros d’analyses et de vagabondages sur ces thèmes.

… des CD et des livres
André Robèr fonde les éditions K’A en 1995 pour la publication d’un CD du chanteur français Louis Arti. Puis les éditions sommeillent avant de commencer un travail de fond sur la culture réunionnaise. En 1999, c’est l’envol des éditions K’A. Il lance une collection de CD sur la poésie réunionnaise pour la faire écouter. Ce sont 14 Cd qui seront publiés en 15 ans. Cette collection « Poèt Larénion » recense le patrimoine poétique de la Réunion pour que cette poésie, en créole ou en français, se diffuse au-delà de l’île natale.
L’édition de ces disques s’élargit par la suite vers la poésie contemporaine européenne : y seront publiés le poète Julien Blaine et le double album de poésie des 20 ans de Radio Libertaire.
Puis les livres arrivent par la nécessité de donner à lire au public les œuvres du créole réunionnais. Puis l’activité se diversifie avec de nouvelles collections (romans, études…). Il présente les Éditions K’A lors de nombreux salons du livre ou de poésie en France. La galerie (13) TREIZE
Véritable passeur, André Robèr transforme son atelier en galerie de mars à septembre afin d’exposer les artistes et les genres qu’il aime. Il a conçu la galerie (13) TREIZE comme un lieu ouvert où lectures de poésie, rencontres d’avant-garde et présentations du travail d’artistes se succèdent.
Les poètes et écrivains Julien Blaine, Olivier Garcin, Didier Manyach, Jean Luc Raharimanana, Louis Arti, Julien Boutonnier, Vincent Calvet y ont présenté leurs créations.
Les artistes Julien Blaine, Ma Desheng, Claude Massé, Gilles Olry, Laurent Zunino, Valérie Ténèze et Marie Jakobowicz y ont exposé.
Passionné par les avant gardes et l’écriture, il organise une biennale internationale de mail art -les années paires- et une biennale internationale de poésie visuelle -les années impaires- dans son atelier galerie et avec des partenariats externes.

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